Raffinerie dans le Montana, États-Unis
(©photo)
Définition et catégories
Le raffinage du pétrole est un procédé industriel qui
permet de transformer le pétrole brut en différents produits finis tels que
l’essence, le fioul lourd ou le naphta. Le pétrole brut est un mélange
hétérogène d’hydrocarbures divers (molécules composées d’atomes de carbone et
d’hydrogène), inutilisable en l’état. Ses composants doivent être séparés afin
d’obtenir les produits finaux exploitables directement. On en distingue en
général deux grands types :
·
les produits énergétiques, tels
que l’essence, le diesel (gazole)ou le fioul ;
·
les produits non-énergétiques, tels que
les lubrifiants, le bitume et les naphtas utilisés en pétrochimie.
Le raffinage ne se limite plus
aujourd’hui à la séparation des différents hydrocarbures. Des procédés
chimiques complexes sont également mis en œuvre afin d’optimiser les produits
finaux. Les différentes coupes pétrolières peuvent ainsi subir des
transformations, des améliorations et des mélanges pour obtenir des produits
commercialisables et répondant aux normes environnementales.
Fonctionnement technique ou scientifique
Principe du raffinage (Source : IFP)
A son arrivée dans la raffinerie, le pétrole brut est
stocké dans de grands réservoirs. Les pétroles bruts sont stockés et séparés
selon leur teneur en soufre. Celle-ci détermine les procédés de raffinage à
utiliser. Chaque unité de raffinage abrite un procédé industriel
physico-chimique différent.
1 – La distillation du pétrole brut en vue d’obtenir
les produits intermédiaires
La distillation du pétrole brut est réalisée en deux
étapes complémentaires. Une première distillation dite atmosphérique permet de
séparer les gaz, les essences et le naphta (coupes légères), le kérosène et le
gazole (coupes moyennes) et les coupes lourdes. Les résidus des coupes lourdes
subissent ensuite une distillation dite sous vide afin de séparer certains
produits moyens.
Tour
de distillation du pétrole (©DR)
La distillation atmosphérique : l’opération consiste à séparer les différents
composants d'un mélange liquide en fonction de leur température d’évaporation.
Le pétrole brut est injecté dans une grande tour de distillation, haute de 60
mètres et large de 8 mètres environ, où il est chauffé à environ 400°C. Les
différents hydrocarbures contenus dans le pétrole brut sont vaporisés :
d’abords les légers, puis les moyens, et enfin une partie des lourds. La
température décroît au fur et à mesure que l’on monte dans la tour, permettant
à chaque type d’hydrocarbure de se liquéfier afin d’être récupéré. Les plus
légers sont récupérés tout en haut, et les plus lourds restent au fond de la tour.
La distillation sous vide : l’opération consiste à séparer sur le même
principe que la distillation atmosphérique les produits lourds des résidus de
produits moyens en les soumettant à une deuxième phase de distillation dite
« sous vide ». La colonne plus petite est fermée puis dépressurisée,
ce qui fait diminuer la pression. Les produits, alors plus volatils, ont une
température d’ébullition plus faible permettant ainsi aux produits lourds
d’être plus facilement récupérable. En haut de la colonne on récupère du gazole
et à sa base du fioul lourd. Les résidus de cette distillation sous vide sont
récupérés en vue de produire des lubrifiants.
2 - La transformation et l’amélioration de la qualité
des coupes au sein des différentes unités de raffinage
Afin de répondre notamment à la demande importante en
produits légers sophistiqués (40% de la demande totale de produits raffinés),
les coupes subissent un certain nombre de transformations et d’améliorations
qui s’effectuent au sein de plusieurs unités de raffinage. Les
raffineries européennes ont dû s’adapter à la croissance de la demande de diesel
par rapport à l’essence.
Coupes lourdes (environ
40% du pétrole brut)
·
Les résidus sous vide sont transformés
par viscoréduction ou « visbreaking ». Cette opération s’effectue en
phase liquide entre 450°C et 500°C sous une pression entre 5 et 20 bars. Il
s’agit d’un craquage thermique. Il permet d’obtenir des bitumes.
·
Les distillats sont transformés par
craquage catalytique. Cette opération s’effectue à haute température :
500°C, en présence d’un catalyseur (substance favorisant les réactions chimiques).
Ce traitement permet d’obtenir des fuels lourds.
Coupes moyennes (environ
35% du pétrole brut)
·
Le gazole léger, le gazole lourd mais
aussi une partie des kérosènes sont améliorés par hydrodésulfuration. Cette
opération est un traitement à l'hydrogène dont le but est de réduire la teneur
en soufre de la coupe gazole.
·
La coupe de kérosène issue d’un brut
contenant du soufre est améliorée par hydrotraitement. En présence de
l’hydrogène contenu dans l’eau, de l’hydrogène sulfuré se forme et sépare ainsi
le soufre de la coupe de kérosène. Il permet d’obtenir du kérosène adouci.
Le traitement au Mérox, permet par un procédé à la soude, de rendre inoffensif le soufre des kérosènes peu sulfurés.
Le traitement au Mérox, permet par un procédé à la soude, de rendre inoffensif le soufre des kérosènes peu sulfurés.
Coupes légères (entre
20 et 25% du pétrole brut)
·
Les essences lourdes sont améliorées par
le procédé de craquage catalytique permettant d’obtenir des supercarburants
pour automobile (Super, Super sans plomb 95, Super sans plomb 98).
·
Les essences légères, en vue d’obtenir
ces mêmes supercarburants, sont améliorées par :
·
isomérisation : procédé qui
consiste à compenser une perte en indice d’octane due à la réduction légale de
la teneur en plomb des essences;
·
alkylation : procédé inverse du
craquage qui conduit à l'augmentation du nombre
d'atomes de carbone d'un composé organique.
·
Le naphta est amélioré par
hydrotraitement afin d’en extraire le soufre. Les gaz qu’il contient sont
ensuite éliminés dans un « stabilisateur » puis séparés en
deux fractions. Le naphta léger est stocké pour servir de mélange à la
fabrication de carburants et le naphta lourd permet d’alimenter l’unité de
reformage catalytique. La coupe de naphta hydrotraitée peut également être
envoyée dans un vapocraqueur si elle est utilisée pour la pétrochimie.
·
Les gaz combustibles vont au four de la
raffinerie.
·
Le propane et le butane ne nécessitent
pas de transformation ou amélioration particulière.
3 - La fabrication des produits
Obtenus à l’aide de doseurs équipés de contrôleurs
automatiques, de nouveaux mélanges sont ensuite effectués dans le but d’obtenir
des produits finis répondant aux normes environnementales. Pour faire face à
cette série d'opérations, les raffineries doivent disposer d'importants volumes
de stockage, d'installations de réception des produits bruts et d'expédition
des produits finis.
Par ailleurs, les raffineries produisent
des lubrifiants destinés à améliorer le fonctionnement des moteurs et des
machines, de l’industrie mais aussi des navires. Ces huiles et graisses sont
fabriquées à partir des résidus de la distillation sous vide.
Enjeux par rapport à l'énergie
Enjeux environnementaux
Le raffinage rejette des produits polluants dans
l’atmosphère dans le cadre d’une réglementation sévérisée. De plus les
raffineries emploient de grandes quantités de substances potentiellement
dangereuses pour l’homme et l’environnement. En France, elles sont classées
selon la directive européenne Seveso, en fonction des quantités et des types de
produits dangereux qu'elles utilisent. Ce classement, calculé par une somme
pondérée des masses de produits présents sur un site, détermine le seuil
autorisé. La pollution visuelle et auditive engendrée par le fonctionnement
d’une raffinerie est également prise en compte.
Enjeux financiers et macro-économiques
Le secteur du raffinage connait
actuellement dans les pays développés dont la France, des difficultés
économiques aggravées par l’inadéquation entre les capacités de production
(essentiellement de l’essence en France) et les besoins de consommation
(accroissement de la demande de gazole). Les nouvelles raffineries sont en
grande majorité construites en Asie et en Afrique, au plus près de la
production pétrolière et des pays en développement. Ainsi aux coûts locaux
inférieurs viennent s’ajouter d’importants gains logistiques.
Acteurs majeurs
Les procédés de raffinage et de pétrochimie sont
vendus sous licence par Axens (IFP) ou UOP. Les raffineries sont construites
par des Compagnies d’ingénierie comme Technip, KBR, Foster Wheeler, Lummus
(CB&I), Heurtey-Petrochem etc.
Les plus grandes raffineries au monde
Raffineries dont la production est supérieure à 400 000 barils par jour en 2010, (D'après source Lefigaro.fr)
En France
Après l’annonce de la fermeture des raffineries de
Dunkerque et de Reichstett, la France va compter 10 raffineries. Total, Esso, Pétroplus, Lyondell Basell et Inéos se
partagent le marché du raffinage sur le territoire national. La majorité des
raffineries se trouvent à proximité de zones portuaires afin de faciliter le
transit avec les pétroliers.
Unités de mesure et chiffres clés
La demande mondiale en produits pétroliers est
composée comme suit:
·
40 % pour les produits légers
(carburants) ;
·
40 % pour les produits moyens (fioul,
gazole) ;
·
20 % pour les produits lourds.
En 2011, les capacités de raffinage dans
le monde étaient de 93 millions de barils par jour.
Zone de présence ou d'application
Développement géographique des capacités de raffinage
Raffinage, capacités de production
Répartition mondiale des capacités de raffinage en
2011 par zone géographique:
·
Asie & Pacifique : 31,3% (29,1
millions de barils traités / jour)
·
Afrique : 3,6% (3,3 millions
de barils / j)
·
Moyen-Orient : 8,6% (8 millions de
barils / j)
·
Europe & Eurasie : 26,4% (24,6
millions de barils / j)
·
Amérique du Sud & centrale : 7,1%
(6,6 millions de barils / j)
·
Amérique du Nord : 23% (21,4
millions de barils / j)
Passé et présent
1910 :
la première unité de distillation continue de pétrole brut est construite par
la société américaine Power Specialty Company.
Années 1960 :
le rôle principal d’une raffinerie consiste à fractionner le brut en coupes
essences, gazoles et fioul lourd. Puisqu’aucun procédé intermédiaire
complexe n’est utilisé, ce raffinage ne consomme que peu d’énergie.
Années 1980 et 1990 :
en raison d’une forte surcapacité de raffinage dans le monde durant les années
80, les capacités de distillation subissent d’importantes réductions aux
Etats-Unis et en Europe. Le but est d’augmenter le taux d’utilisation (rapport
entre la quantité du brut traitée et la capacité de distillation). Ce taux
passe alors en moyenne de 70 à 80%.
Années 2000 : les hydrocarbures exploités sont plus lourds
et nécessitent davantage de transformations pour obtenir les produits légers et
moyens qui sont demandés en majorité (80%). Les unités de raffinage évoluent pour
permettre ces conversions dites profondes.
Futur
Des procédés de raffinage appelés à évoluer
Le secteur du raffinage pétrolier est soumis à
plusieurs contraintes qui obligent les exploitants à modifier leurs
orientations de production. Les exigences de qualité pour les produits finis
sont de plus en plus fortes.
Les types de pétrole brut exploités s’élargissent y
compris vers des pétroles lourds et des pétroles non conventionnels (ex :
sables bitumineux, schistes bitumineux).
Les pressions économiques poussent à une valorisation
maximum de chaque baril à un coût notamment énergétique plus bas.
Des normes contraignantes obligeant le secteur à
s’adapter régulièrement
Au cœur des préoccupations environnementales,
l’industrie du raffinage est contrainte de s’adapter régulièrement à des normes
émanant d’institutions comme la Commission européenne ou l’EPA (Environnemental
Protection Agency) :
·
L’EPA souhaite réduire les émissions de
gaz à effet de serre en introduisant un quota de biocarburants. L’éthanol
devrait constituer en 2020 16% de la demande en essence.
·
L’Union européenne impose aux
raffineries, notamment à l’aide d’un système de quotas de CO2, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et
polluants (Souffre, NOx, CO2).
SOURCE: CONNAISSANCE DES ENERGIES
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