parue le 22 mars 2018
Le charbon a compté pour près de 27% de
la consommation mondiale d’énergie primaire en 2017. Ici, la mine de Goonyella
dans le nord-est de l’Australie. (©Peabody)
En 2017, la consommation mondiale
d’énergie a augmenté de 2,1% et les émissions de CO2 associées sont reparties à la hausse selon un
rapport publié le 22 mars par l’Agence internationale de l’énergie (AIE)(1).
Un constat bien éloigné de la trajectoire nécessaire pour atteindre les
objectifs de la COP21.
Toujours près de 81% d’énergies fossiles
En 2017, la consommation mondiale d’énergie primaire
aurait avoisiné 14 050 Mtep selon les premières estimations de l’AIE, ce
qui correspond à une hausse de 2,1% par rapport à 2016 et de 40% par rapport à
2000. Alors que le terme de « transition énergétique » occupe une place croissante dans
les discours depuis la COP21, les énergies fossiles ont encore satisfait près de
81% de la demande énergétique mondiale l’an dernier, « un niveau qui
est resté stable depuis plus de trois décennies malgré la forte croissance des
énergies renouvelables » selon l’AIE.
La consommation de toutes les énergies, y compris de
charbon, a progressé en 2017. C’est d’ailleurs le « principal
changement » du système énergétique en 2017 selon l’AIE : la
consommation mondiale de charbon a augmenté de près de 1%, après deux années de
déclin(2).
Cette hausse est due à une forte demande asiatique à des fins de production
électrique. Rappelons que le charbon reste ainsi de loin la première source
d’électricité dans le monde, comptant pour 37% du mix de production en 2017.
Les consommations de pétrole et de gaz naturel au
niveau mondial ont quant à elles respectivement augmenté de 1,6% et 3% en 2017.
Environ 70% de la hausse de la demande mondiale d’énergie l’an dernier a ainsi
été in fine satisfaite par les énergies fossiles, souligne
l’AIE.
Les énergies renouvelables, qui ont connu la plus
forte croissance au sein du mix énergétique mondial en 2017, ont satisfait près
d’un quart de la hausse de la consommation mondiale l’an dernier. Leur
développement est tirée par les filières productrices d’électricité (+ 6,3% en
2017), en particulier par l’éolien, le solaire photovoltaïque et l’hydroélectricité (qui a compté à elle seule pour 65% de la
production électrique renouvelable en 2017).
La production du parc nucléaire mondial a pour sa part augmenté de 3% en
2017, comptant pour près de 10% du mix électrique global. Précisons que
le vecteur électricité a encore connu en 2017 une croissance mondiale « significativement
plus élevé » (+3,1%) que celle de la demande énergétique, confirmant
le mouvement d’électrification.
Le
charbon reste encore de loin la première source d’électricité dans le monde. En
2017, les centrales au charbon ont produit 280 TWh de plus qu’en 2016.
(©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Des émissions de CO2 à
nouveau en hausse
En 2017, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont augmenté de 1,4%,
atteignant un niveau record de 32,5 Gt. Cette baisse intervient après 3 années
de stabilisation des émissions et « contraste avec la forte réduction
nécessaire pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le changement
climatique », souligne l’AIE.
Selon l’agence, la hausse des émissions l’an dernier
équivaut aux émissions annuelles de 170 millions de voitures supplémentaires.
Elle est principalement due à la forte croissance économique mondiale (3,7% en
2017), aux prix peu élevés des combustibles fossiles et à des « efforts
plus faibles » en matière d’efficacité énergétique.
L’intensité énergétique mondiale, c’est-à-dire la
consommation d’énergie par point de PIB(3),
aurait baissé de seulement 1,7% en 2017, contre 2,3% en moyenne au cours des
trois années précédentes. C’est surtout moitié moins que le rythme jugé nécessaire
par l’AIE pour rester sur une trajectoire compatible avec l’accord de Paris.
L’AIE note toutefois des trajectoires d’émissions
différentes selon les pays. Les États-Unis ont notamment vu leurs émissions de
CO2 liées
à l’énergie baisser de 0,5% en 2017, en raison de la hausse de la production
d’électricité d’origine renouvelable conjuguée à une baisse de la demande
nationale d’électricité. Au Royaume-Uni, ces émissions ont baissé de 3,8% l’an
dernier grâce à une forte baisse de la consommation de charbon (au profit du
gaz et des énergies renouvelables), atteignant leur plus bas niveau annuel
depuis 1960.
Les émissions de l’Union européenne, considérée comme
un porte-étendard dans la lutte contre le changement climatique, ont en
revanche augmenté de 1,5% en raison de la forte hausse de la consommation
de pétrole et de gaz naturel. Pour l’AIE, ces constats constituent, si cela
était encore nécessaire, « un avertissement important », les
efforts actuels étant très insuffisants pour atteindre les objectifs de la
COP21.
Les pays asiatiques sont à l’origine de deux tiers de
la hausse des émissions mondiales de CO2relatives
à l’énergie. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
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