samedi 19 décembre 2015

L’ACCORD DE PARIS : quel enseignement ? (Par Khadim Guissé)





La COP21 a pris fin avec un accord consensuel. Pour cela nous félicitons l'équipe d'AVAAZ international et d'AVAAZ Sénégal sous le nom de WAXXAL pour le travail abattu tant sur le plan international que national en sensibilisant les pays du monde entier avec des marches et l'utilisation d'autres supports médiatiques de la nécessité de rompre définitivement d'avec les combustibles fossiles qui sont à la base du dérèglement climatique avec l’émission des gaz à effet de serre. Cela sous-tend de promouvoir les énergies renouvelables comme alternatives indispensables aux énergies fossiles.  
L’accord dit de Paris que vienne d’adopter la 21éme conférence des parties COP 21, considéré comme un accord sans précédent pour certains et historique pour d'autres les qualificatifs ne manquent pas, l'ensemble des 195 pays présents  s'est engagé à plusieurs objectifs ambitieux :
  •  « contenir le réchauffement bien en deçà de 2°C et de s'efforcer de limiter cette augmentation à 1,5°C d'ici 2100 par rapport au niveau préindustriel,
  • débloquer des fonds d’au moins 100 milliards de dollars annuels par les pays du Nord pour aider ceux du Sud à financer leur politique climatique pour l’après 2020.
  •  s’engager à revoir à la hausse tous les 5 ans, les objectifs concernant la réduction des gaz à effet de serre ».

Cet accord répond aux exigences du développement durables  qui cherchent à prendre en compte  simultanément   l'équité sociale, l'efficacité économique et la qualité environnementale c'est-à-dire « répondre aux exigences de l’heure sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Pour la première fois dans l’histoire de la COP, l’exigence de 100% d’énergies renouvelables est devenue un slogan consensuel.  Ce qui montre qu’un pas important est franchi dans la transition énergétique.
La question qui mérite d’être posée maintenant c’est : Est-ce que les engagements de cet accord seront réalisés ? Cette question tire sa pertinence dans le caractère non contraignant de l’accord. Laurent Fabius le Président de la COP21 nous parle  d’accords contraignants. Mais si on se réfère au texte de l’accord qui dit  «chaque partie doit préparer, communiquer et maintenir les contributions successives et déterminées au niveau national qu'elle entend se fixer», nous notons que la contrainte est légère et ne prévoit aucune sanction.
En tous cas, nous n’oserons pas croire, vu l’énergie déployée dans cette COP21 tant au niveau des gouvernements qu’au niveau des Organisations non gouvernementales (ONG) pour arriver à cet accord, que les engagements pris par les pays développés surtout vis-à-vis des pays dits vulnérables ne seront pas respectés. Ce serait donc à mon avis, préjudiciables pour l’avenir de la COP après le protocole de Kyoto qui a été contraignant et n’a pas été respecté pour la plus part des pays de l’annexe1 dits développés.
Je citerai Emma Ruby-Sachs, Directrice Générale Adjointe de l'Organisation Citoyenne AVAAZ, pour mettre en exergue le caractère futuriste de l’accord qui marque une prise de conscience universelle sur les énergies renouvelables et plus globalement sur le climat: «Cette COP sera le fondement du virage vers 100% d’énergies propres que le monde souhaite et dont la planète a besoin ». Nous pouvons donc affirmer sans risque de nous tromper que l’avenir de l’humanité se trouve dans les énergies propres.
C’est pourquoi au regard de cela,  je ne comprends pas la pertinence d’une centrale à charbon dans la région de Dakar plus précisément à Bargny lieu à forte concentration humaine, nonobstant les soucis de l’Etat de satisfaire les besoins énergétiques du pays.
Nous sommes conscients de la crise chronique que traverse le secteur de l’énergie électrique, liée à un déficit de production dû à la vétusté du parc de production de production, du réseau de distribution, et de transport, et des difficultés d’approvisionnement en combustibles qui sont couteux et de plus en plus rares surtout pour les pays non producteurs,  même si ces dernières années la tendance est à la baisse sur le prix du baril du pétrole passant de 120$ en 2011 à 38$ aujourd’hui (16/12/2015),.
Mais cela ne doit pas être une raison pour détériorer notre environnement. Le charbon empoisonne l'air, Les centrales au charbon sont à l'origine de la majorité des émissions atmosphériques du secteur de l'énergie électrique. Parmi ces émissions atmosphériques, les plus importantes sont les oxydes d'azote (NOx), le dioxyde de soufre(SO2), les particules, le mercure et les gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone (CO2). De faibles quantités de métaux toxiques comme l'arsenic, le cadmium, le chrome et le nickel, de même que les toxiques provenant de la combustion du charbon tels que les chlorures de méthyle (CH3CL), sont également émises. Le principal problème environnemental lié à ces polluants comprend les dépôts acides qui se forment lorsque des particules comme les cendres volantes, les sulfates, les nitrates et les gaz (par exemple le SO2 et les NOx) se déposent sur les surfaces ou y sont absorbées. Les gaz peuvent alors être transformés en acides au contact de l’eau. Les dommages causés par les dépôts acides touchent les lacs, les cours d’eau, la forêt, le sol, les populations de poissons et d’animaux ainsi que les bâtiments. Avant de retomber au sol, les émissions acidifiantes (le SO2 et les NOx ainsi que les particules acides qui leur sont reliées) contribuent à diminuer la visibilité et nuisent à la santé publique. A cela s’ajoute le système de refroidissement des centrales à charbon qui nécessite beaucoup d’eau et à coup sur va perturber l’écosystème marin et impactera négativement sur le secteur de la pêche dans cette zone.
Pour les raisons ci-dessus évoquées sur les dangers du charbon, nous pensons que l’Etat doit réviser ses positions sur ces types de centrales électriques et d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique défini dans sa nouvelle politique énergétique (voir graphiques) qui est de 18.1%  plus 5,03% d’énergie hydraulique dans les prévisions de 2017 contrairement à 2012 où elles étaient de 9,92% entièrement constituée d’énergie  hydraulique,  et d’annuler définitivement la part du charbon qui est de 25,17% pour les prévisions de 2017 contrairement à 2012 où elle étaient de 0,0%. En résumé, dans les prévisions de 2017, le mix énergétique sera composé de 23,55% d’énergies renouvelables et de 75,45% d’énergies fossiles et cette tendance doit être inversée pour rester dans la dynamique de l’accord de Paris. Ce sera un pari difficile mais pas impossible si la volonté politique y est.

Pour cela une politique incitative promouvant l’utilisation du solaire photovoltaïque dans les maisons doit être encouragée. Cela permettra à l’état de réduire sa facture énergétique et aux usagers d’être indépendants de la SENELEC (Société Nationale d’Electricité) et de faire des économies sur leurs factures d’électricité. En plus de promouvoir l’efficacité énergétique surtout dans les bâtiments administratifs, les hôpitaux et les universités qui constituent des niches d’économies d’énergies considérables, d’autant plus que la programmation de la fin des combustibles fossiles est enclenchée dans cette COP21 et des perspectives intéressantes pour les pays sous développés sont ouvertes avec la mise en place de fonds pour financer leurs politiques climatiques comme les 100 millions de dollars annuels mis à la disposition des pays sous développés par les pays du nord. 


MIX ÉNERGÉTIQUE 2017

MIX ÉNERGÉTIQUE 2012





 Graphique  3RÉSUMÉ MIX 2017

                                                   

                                                                                             


Khadim GUISSE

                                                                                           

samedi 16 mai 2015

IMPORTANCE DE L'AUDIT ÉNERGÉTIQUE: EXEMPLE DU CHNU FANN (PAR KHADIM GUISSE)

L’audit énergétique ou le diagnostic de performance énergétique a pour but d’analyser les consommations énergétiques d’un bâtiment existant, en rapport avec les caractéristiques et l’état du bâtiment lui-même et de tous les équipements consommant de l’énergie et, cela, sans oublier la finalité de ces consommations, à savoir un certain niveau de bien-être en température, humidité relative, qualité de l’air, éclairage, etc.
Les chocs pétroliers de 1973 et de 1979 liés respectivement à la guerre de Kippour et de la révolution Iranienne ont permis une prise de conscience mondiale à la fin des années 1970 de la nécessité d’engager des actions nationales en faveur des économies d’énergies. Je rappelle que Le choc pétrolier est un choc économique provoqué par une modification brutale de l’offre de pétrole, combinant hausse du prix et baisse de la production. 

Depuis lors, plusieurs actions concernant l’efficacité énergétique ont été entreprises à travers le monde.

En France, des actions de rénovation des bâtiments publics ont été engagées avec traitement de leurs surfaces pour les moins  économes en énergies suite à des audits énergétiques depuis les lois de programmation relatives à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement dite « loi Grenelle 1 » en 2009 et« loi Grenelle 2 » en 2010. L’objectif était de réduire d'au moins 40 % les consommations d'énergie et d'au moins 50 % les émissions de gaz à effet de serre de ces bâtiments dans un délai de huit ans ».   
L’Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie (IEPF), organe subsidiaire de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF), a lancé en 1992 son Programme International de Soutien à la Maîtrise de l’Énergie (PRISME) qui vise à promouvoir, dans les pays membres du Sud, la mise en place de cadres institutionnels adéquats et le développement d’activités liées à la maîtrise de l’énergie.
Au Sénégal, même s’il existe une Agence pour l’économie et la maitrise de l’énergie AEME et le programme de PNUD Sénégal pour la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre à travers l’Efficacité Energétique dans le secteur du bâtiment a partir des projets  ENERBAT, du MDE (Maîtrise de la Demande Electrique) de la SENELEC avec la distribution de lampes basses consommations, du projet NECTAR (Négociation Climat pour Toute l’Afrique Réussie) de l’Institut de l’Energie et du Développement Durable de la Francophonie (IEDD) ; une politique d’efficacité énergétique claire et soutenue n’est pas encore palpable ou du moins son applicabilité sur le terrain n’est pas encore visible à mon avis. 
Alors que le pays est secoué par une crise énergétique endémique caractérisée par :
• Un déficit de production d’énergie électrique créé par la vétusté du parc de production dû au retard d’investissement en centrale de production électrique.
• Un parc de transport et de distribution vétuste et saturé engendrant une mauvaise qualité de service. 
• Le non diversification de notre système de production électrique dominée essentiellement par les produits pétroliers (voir digramme mix énergétique) de plus en plus rares et coûteux avec les difficultés d’approvisionnement et de pénurie.
• La négligence des énergies renouvelables dans le système de production électrique et une politique non incitative pour leur utilisation dans le domestique surtout le photovoltaïque nonobstant le décret d’application de la loi d’orientation sur les énergies renouvelables N°2010-21 et au moment où on parle de transition énergétique en Occident.
La conséquence de tout cela, ce sont les délestages et son impact négatif sur la production économique du pays.   

C’est dans ce contexte, pour illustrer l’importance de l’audit énergétique et le potentiel d’économie d’énergie qu’il peut engendrer, partager une étude portant sur «  l’audit énergétique et la pré-faisabilité de systèmes solaire  que nous avons effectué en 2010 au CHNU (Centre Hospitalier National Universitaire) de Fann dans le cadre de la licence pro METERBAT (Maîtrise de l’Energie et Technologie d’Energie Renouvelable dans le bâtiment)  à l’école Polytechnique de Thiès en collaboration avec la coopération française U3E.    
En effet l’importance de cet audit, consistant à élaborer des propositions viables d’économie  d’énergie portant d’une part  sur l’analyse des factures des trois dernières années ici (2009, 2010, 2011) d’autre part sur l’analyse détaillée des données énergétiques de l’hôpital,  nous a montré  entre autres ceci. (Il est évident que nous ne pourrions pas étaler ici l’entièreté de notre étude mais seulement les axes principaux).
1. L’amélioration du facteur de puissance entraînerait une économie d’environ 111 112 KWh sur la consommation d’électricité.
2. La réorganisation des circuits de distribution engendrerait un gain de 57 713 KWh sur la consommation énergétique dû aux dépassements de puissance, entraînant des réductions sur la prime fixe.
3. Le remplacement de tous les chauffes électriques qui sont au nombre de 105, représentant 2% de la consommation énergétique soit environ 55 000 KWh.
4. L’élimination des gaspillages au niveau de la climatisation et de l’éclairage, le remplacement des climatiseurs monoblocs vieux, la rénovation de certains bâtiments vieux datant pour certains d’avant 1960 et qui ont presque perdu leur inertie thermique pourraient réduire la consommation électrique en ce point à moins de 20%. Je rappelle que la climatisation constitue 36% de la consommation totale électrique et représente plus de 100 000 000 FCFA de la facture globale (voir graphique de répartition).   
Rien que sur les trois premiers  points l’hôpital peut faire une économie sur la consommation électrique de près de 221 112 KWh soit environ 45 000 000 FCFA sur la facture globale compte non tenu des économies qui peuvent être tirées au niveau de la climatisation et au niveau de l’éclairage.
En ces moments de crise énergétique et le souci d’économiser des ressources financières, une telle étude généralisée sur l’ensemble des hôpitaux du pays et des bâtiments administratifs pourrait engendrer un gain énergétique de plus 50 MW pouvant alimenter plusieurs villages, générer  un impact positif sur la facture énergétique et préserver notre compétitivité industrielle.  
Dès lors la maîtrise de l’énergie dans les structures sanitaires et administratives devient un impératif au moment où nous parlons de l’émergence. Elle contribue inéluctablement au développement durable du pays et à la réduction des gaz à effet de serre. 
La  résorption de la fracture énergétique passe avant  celle de la  fracture numérique.  





KHADIM GUISSE/ @toubacleanenergy  RUFISQUE SENEGAL

Sélection du message

SERVICES TOUBA CLEAN ENERGY

GÉNIE  ELECTRIQUE   v INSTALLATION ELECTRIQUE DOMESTIQUE ET INDUSTRIELLE AVEC SCHÉMAS ELECTRIQUE v ENERGIES RENOUVELABLES ·      ...