parue le 13 novembre 2017
Près de 40% des émissions mondiales de
CO2 liées
à l’énergie et à l’industrie en 2016 seraient dues au charbon. (©Robert
Castillo-Dreamstime.com)
Les émissions mondiales de CO2 liées à la combustion d’énergie fossile et à
l’industrie pourraient augmenter de près de 2% en 2017 selon le Global Carbon
Projet. Les données présentées ce matin en marge de la COP23 à Bonn constituent
un nouveau signal inquiétant dans la lutte contre le changement climatique.
Une hausse des émissions en grande partie liée à la
Chine
En 2017, les émissions mondiales de CO2 pourraient atteindre 41 milliards de tonnes
(Gt), dont environ 36,8 Gt dues à la combustion d’énergie fossile et à
l’industrie selon le Global Carbon Projet (GCP). A l’origine du rapport
présenté ce matin à Bonn, 76 scientifiques de 57 centres de recherche font état
d’une incertitude de plus ou moins 5% pour estimer les émissions de 2017 mais
ils s’accordent sur un fait : ces émissions seront en hausse (entre + 0,8%
et + 3% par rapport à 2016), après trois années de
stabilisation.
Publié chaque année depuis 12 ans, le Global Carbon
Budget signale que la hausse des émissions mondiales en 2017 est en grande
partie due à la hausse des émissions chinoises. La Chine, dont les émissions
avaient baissé en 2015 et 2016, pourrait émettre près de 10,5 Gt CO2 en 2017, soit 3,5%(1) de plus que
l’an dernier. Cette évolution est liée à une hausse de la production
industrielle et une plus forte consommation d’énergies fossiles (+ 3% de
charbon notamment), parallèlement à une baisse de la production hydroélectrique
(baisse des précipitations).
Les
émissions mondiales de CO2 vont
atteindre un niveau record en 2017. (©Connaissance des Énergies d’après Global
Carbon Project)
Aux États-Unis, la baisse des émissions de CO2, qui avoisinait 1,2% par an au cours de la dernière
décennie, pourrait se limiter à 0,4% en 2017 en raison d’une hausse de la
consommation de charbon. Dans l’Union européenne, les émissions pourraient
également diminuer de seulement 0,2% en 2017 selon le Global Carbon Projet,
contre une baisse de 2,2% par an en moyenne lors des dix dernières années.
Avec des émissions estimées en hausse de 2% en 2017,
l’Inde fait finalement figure de « bonne surprise » puisqu’il s’agit
d’un important recul par rapport à la tendance de la dernière décennie (+ 6%
par an). Parmi les autres faibles signaux positifs, le Global Carbon Project
constate que 22 pays ont diminué leurs émissions de CO2 au cours de la dernière décennie alors que leurs
PIB augmentaient.
Pour rappel, la Chine, les États-Unis et l’Inde ont
compté pour la moitié des émissions mondiales de CO2 en 2016 (comptant respectivement pour 28%, 15%
et 7% de ces émissions). Rapportées à la population, les émissions de CO2 sont plus de deux fois plus importantes aux
États-Unis qu’en Chine ou dans l’Union européenne.
La cible des 2°C s’éloigne…
Près de 40% des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et à l’industrie en 2016 sont
imputées par le Global Carbon Project à la combustion de charbon. Les autres
facteurs d’émissions sont la consommation de pétrole (34%) et de gaz (19%), la
production de ciment (6%) et le « torchage » de gaz
(près de 1%).
Entre 2011 et 2016, les émissions mondiales de CO2 liées au charbon ont baissé en moyenne de 0,6%
par an tandis que celles liées au pétrole augmentaient de 1,6% par an. Pour
rappel, ces deux énergies comptaient encore pour 61,4% de la consommation
mondiale d’énergie en 2016(2).
La cible de « 2°C »(3), voire de
« 1,5°C » semble hors de portée à l’heure actuelle : « il
faudrait que les émissions atteignent leur pic ces prochaines années puis
diminuent rapidement » et de manière drastique, souligne Corinne Le Quéré,
co-auteur du rapport du Global Carbon Project et professeur à l’université
britannique d’East Anglia qui fait part d’ « une grande
déception » face aux nouvelles données présentées.
A Bonn, la COP23 entrera mercredi et jeudi dans une
phase plus « politique » avec entre autres l’intervention d’Angela
Merkel et d’Emmanuel Macron. Il sera à nouveau question de l’inadéquation entre
les objectifs de l’Accord de Paris et les engagements réels des États
signataires.
En 2016, la consommation mondiale d’énergie primaire
reposait encore à plus de 85% sur les énergies fossiles. (©Connaissance des
Énergies d’après BP Statistical Review of World Energy)
SOURCE : CONNAISSANCE DES ENERGIES
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