D’abord,
faisons un bref rappel sur le principe de fonctionnement de ces sources
d’énergie photovoltaïque.
Les
centrales solaires photovoltaïques fonctionnent selon le principe de l’effet photovoltaïque
découvert par Antoine becquerel en 1839. C’est la transformation de la lumière
solaire en électricité par l’intermédiaire d’un capteur en silicium qu’on
appelle panneau photovoltaïque. Il faudra aussi noter que le silicium est un
semi-conducteur et pour augmenter sa conductivité on le dope négativement avec
du phosphore qui a 5 électrons dans sa dernière couche et positivement avec du
bore qui a 3 électrons dans sa dernière couche. On crée une jonction PN reliée
à deux fils conducteurs pour créer un champ électrique. Lorsque la lumière du
soleil frappe le silicium dopé, elle transmette l’énergie des photons aux
électrons qui vont circuler à travers les fils conducteurs fermés sur un récepteur
et créer un courant électrique continu. Dans le cas d’un champ photovoltaïque
on dispose de plusieurs panneaux photovoltaïques connectés en série ou en parallèle
ou en série-parallèle selon la tension recherchée. Le courant continu produit
par le champ est transformé par un onduleur en courant alternatif puis élevé
par un transformateur et ensuite injecté dans le réseau de transport de 90KV(kilovolt)
ou 225KV. Ces champs photovoltaïques fonctionnent en intermittence lié aux
conditions d’ensoleillement ce qui signifie qu’ils ne produisent qu’une partie
de la journée.
L’utilisation
de ces centrales photovoltaïques, à mon avis n’est pas une bonne option pour
l’autosuffisance énergétique, pour une politique ambitieuse de développement du
Sénégal qui en a déjà installé 3 depuis 2012. Il y a Senergy à Santhiou-Mékhé
dans la région de Thiès d’une puissance de 30MW (Mégawatts) sur 64 hectares, la
centrale de Bokhol dans le nord-ouest du pays à Bokhol dans la région de
St-louis 20MW sur 50 hectares, la centrale de Malicounda Mbour 22 MW sur 100
hectares, (voir ce lien http://www.leral.net/Senegal-le-mix-energetique-se-met-a-l-heure-solaire_a212863.html)
au moment où des réserves importantes de gaz de classe mondiale sont découvertes
dans le pays ; et cela pour les raisons suivantes.
·
Ces centrales
fonctionnent en intermittence ce qui signifie une production discontinue liée à
la présence du soleil.
·
Elles occupent de très
grandes surfaces pour une production faible ; exemple 22 MW(mégawatts) sur
100 hectares qui est égale à 1 km2 l’équivalent de 140 terrains de football
dans des zones où l’agriculture et l’élevage constituent les principales
activités de revenu. A cela s’ajoute le défrichage total du site causant un
impact environnemental négatif. Je pense
que dans un pays sous développé avec une croissance démographique très
importante, où le secteur agricole tire la croissance économique et 75% de la population
vivent de cette activité, on ne peut pas se permettre de réduire les surfaces
agricoles. Au contraire on devrait préserver l’agriculture dans ses composantes
sociales productives et paysagères, et d’engager une politique de
transformation des modes de production vers une agriculture durable
respectueuse de la terre et des territoires, et faire face aux nouveaux enjeux
économiques posés par la mondialisation de l’agriculture.
·
Ces centrales
photovoltaïques ont une durée de vie limitée 20 à 30 ans ; et après qu’en
sera-t-il du démantèlement ? quand on sait que ce sont des projets Partenariat
Public Privé dont l’investissement et l’exploitation sont assurés par des
privés et la production vendue à la SENELEC (Société Nationale d’Electricité). Est-ce
qu’après le départ des exploitants le terrain ne deviendra pas un cimetière photovoltaïque avec
ses conséquences néfastes sur la population locale et sur l’environnement ? En
plus elles ne génèrent pas beaucoup d’emploi. Après sa phase de construction, 5
à 10 personnes suffisent pour assurer l’exploitation et la maintenance.
Et au
moment où l’Etat se lance dans la mise en place des champs photovoltaïques tous
azimuts, la France tête de pont de la cop 21 et de l’accord de Paris, renforce
son parc nucléaire et expérimente des réacteurs de 4eme génération et n’entend point
s’en débarrasser au profit des énergies renouvelables.
L’Allemagne
dont les investissements dans les énergies renouvelables ont fortement diminué
en 2016 au profit du charbon qu’elle achète moins chère aux Etats Unis. (Voir
le lien ci-dessous) https://www.linkedin.com/pulse/pourquoi-les-allemands-investissent-moins-dans-en-2016-lamotte?trk=eml-email_feed_ecosystem_digest_01-recommended_articles-7-Unknown&midToken=AQFDCppyVBeznA&fromEmail=fromEmail&ut=3UD9SijAsREDY1
Les
Etats Unis dont Trump vient de déchirer les accords de Paris de la cop 21,
développent le gaz de schiste et relance la politique de développement des
énergies fossiles.
La
chine et l’inde considérés comme des Etats émergents, dont leurs mix
énergétiques sont essentiellement dominés par le charbon.
Je
pense que le Sénégal avec son ambition de devenir un Etat émergent d’ici 2035,
doit saisir la chance d’avoir découvert du gaz de classe mondiale, pour mettre
en place une politique de construction de centrales électriques à gaz afin de
régler définitivement son autosuffisance énergétique dans la perspective d’un
développement économique industriel durable. D’autant plus que le gaz est considéré
actuellement comme un levier indispensable dans la transition énergétique en Europe.
Car Le gaz naturel est la moins
polluante des énergies fossiles. Sa combustion dégage essentiellement de
la vapeur d’eau et du CO2. Ni fumée, ni particules ! En
moyenne, le gaz naturel émet 25 % de gaz carbonique de moins que le fioul
et 50 % de moins que le charbon. Ce qui fait que L’utilisation du gaz
naturel dans la production d’électricité permet de réduire les émissions de CO2,
notamment comparé aux émissions dues à l’utilisation des centrales à
charbon. Lire l’Interview d’Isabelle
Kocher de ENGIE sur la position du gaz dans la révolution énergétique
actuelle.http://www.engie.com/groupe/opinions/strategie-groupe/interview-isabelle-kocher-gaz-daujourdhui/
L’émergence
est corrélée par les besoins importants d’investissements en infrastructures
énergivores ce qui va accroitre notre intensité énergétique c’est-à-dire le
rapport entre la consommation énergétique et le produit intérieur brut. Nous
venons de mettre sur pied un aéroport de dimension internationale, de très
grands projets sont en court comme la nouvelle ville de Diamniadio, le train
express, d’autres aéroports, ports et autoroutes verront le jour dans un avenir
proche, à cela s’ajoute une démographie croissante et l’augmentation du taux
d’équipement des familles, seules des
sources d’énergie continue comme le gaz
nous permettra de suivre le rythme des investissements et maintenir
notre intensité énergétique croissante dans la perspective d’une émergence tout
en répondant aux défis de la diminution de l’émission des gaz à effet de serre.
Vous pouvez lire à travers ce lien les conseils de Sir Paul Collier Professeur d’Economie et de politiques publiques à
la faculté de Blavatnik et professeur Emérite au Collège de Saint Antony à
l’université d’Oxford à l’Etat du Sénégal sur l’exploitation du gaz.
Le Sénégal
devrait adapter sa politique énergétique actuellement à la découverte des
richesses gazières et pétrolières pour une consommation locale en priorité, en
produisant de l’électricité et du gaz butane en qualité et en quantité suffisante.
Cela permettrait une baisse importante du prix du KWh et du gaz butane aux
consommateurs, et impactera positivement sur le coût de la vie ce qui permettra
à tous les sénégalais d’en profiter au lieu de se mettre dans une dynamique de
tout exporter.
Comprenons-nous
très bien, je ne cherche pas à travers ce texte de mettre en proéminence les
inconvénients de l’énergie d’origine photovoltaïque, bien au contraire, c’est
par rapport à son niveau de rentabilité pour une production importante.
Le
photovoltaïque est avantageux pour l’autoproduction avec l’utilisation des surfaces
des toitures disponibles des immeubles comme ce qui se fait en Europe pour les
bâtiments dits à énergie positives.
Et
une politique incitative en faveur des usagers à l’autoconsommation doit être
soutenue, ce qui permettrait à l’état de diminuer les investissements et les
dépenses liés à l’entretien des réseaux. C’est dans ce sens qu’il faut orienter
l’utilisation du solaire photovoltaïque au lieu la mise en place champs au sol qui
profiteraient plus aux investisseurs étrangers.
Khadim GUISSE ROND-POINT HLM RUFISQUE
P.S: publié sur xalimasn.sn le 22/10/2017
http://xalimasn.com/les-centrales-photovoltaiques-au-sol-est-ce-une-bonne-option-pour-le-senegal-par-khadim-guisse/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire