Le charbon permet de satisfaire
près de 29% des besoins énergétiques mondiaux. (©photo)
Définition
et catégories
Le charbon est un
combustible fossile d’origine organique. Il est le résultat de la
transformation de biomasse (résidus de forêts notamment)
enfouie dans le sol au cours des temps géologiques.
Par enfouissement,
sous l’effet des pressions et des températures croissantes avec la profondeur
(gravité, gradient thermique), les végétaux ensevelis sont en effet décomposés
puis transformés en une matière solide et combustible à haute teneur en
carbone : le charbon.
Les plus anciens et
les plus recherchés des charbons datent de près de 300 millions d’années (ère
carbonifère). Mais on trouve aussi des charbons plus récents, déposés jusque
dans l’ère tertiaire (lignite) ou quaternaire (tourbe).
Les gisements de charbon se situent sous
terre et sous les planchers continentaux des océans. Ils peuvent être enfouis à
plusieurs kilomètres de profondeur ou affleurer à la surface du sol.
Les charbons de hauts rangs sont composés à plus de 70% de carbone.
Le charbon est composé
d’hydrogène, de soufre, d’oxygène et surtout de carbone. Selon la teneur en
carbone, la profondeur et la température du gisement, il en existe plusieurs catégories :
- Les charbons de rangs inférieurs ont une faible
teneur en carbone :
- Le lignite est composé de 50 à 60%
de carbone ;
- Les sous-bitumineux sont constitués entre 60 et
70% de carbone.
- Les charbons de hauts rangs sont composés à
plus de 70% de carbone et sont souvent désignés par le terme de « houille
» :
- Les bitumineux sont composés de 70 à 90% de
carbone. Ils peuvent être utilisés comme « charbon-vapeur », c'est-à-dire
comme combustible pour produire de la vapeur, ou comme « charbon à coke »que l’on carbonise dans
un four chauffé à 1 000°C à l’abri de l’air pour produire du coke ;
- L’anthracite a encore une qualité supérieure
puisqu’il est composé à plus de 90% de carbone.
Chaque type de charbon
correspond à un stade de maturité. Dans les tourbières, les végétaux se
décomposent pour devenir de la tourbe (constituée à 50% de carbone) ; les
zones boisées produisent du lignite. Puis, par enfouissement, ces dépôts
carbonés se transforment progressivement en houille.
Les charbons de haut rang se forment à
plus de 10 km de profondeur. A la suite des mouvements tectoniques et de l’érosion, la
houille peut affleurer à la surface. Compte tenu du gradient géothermique moyen
(3°C par 100 m), les mines de charbon actuellement exploitées ne se trouvent
pas à plus de trois kilomètres de profondeur.
Fonctionnement technique ou scientifique
L’exploitation du charbon se décline en
deux phases.
En amont : prospection et extraction
Les techniques
d’exploitation sont déterminées par les connaissances géologiques du sous-sol
qui permettent de préciser l’existence, la nature et la forme des gisements.
Les gisements peuvent s’étendre sur des milliers de km2, à plusieurs
kilomètres sous la surface.
Outre les forages de
reconnaissance, les techniques géophysiques permettent de préciser l’extension
des couches et de localiser les failles. La bonne connaissance de la géologie
des gisements est essentielle avant d’entreprendre une exploitation.
- Les mines souterraines : les gisements peuvent
s’étendre sur des milliers de km2, à plusieurs kilomètres sous la surface.
Il s’agit d’abord de déterminer la qualité et la forme du gisement, puis
de définir les techniques à utiliser pour l’abattage (l’extraction). Des puits d’extraction et d’aération et des galeries
sont creusés pour atteindre le gîte, là où se trouve le
charbon. Un site industriel (le carreau) est créé en surface pour trier le
charbon.
- Les mines à ciel ouvert : cette forme
d’exploitation n’est possible que lorsque les gisements ne sont qu’à
quelques dizaines de mètres de profondeur. L’exploitation s’effectue en
couches successives. Les mines à ciel ouvert sont structurées en étages et
ressemblent à de grands amphithéâtres ou à des carrières. Au fur et à
mesure de l’exploitation, les déblais du front de taille sont utilisés
pour combler les espaces exploités.
En aval : traitement et consommation
Le charbon extrait est lavé et trié
selon sa teneur en carbone. Les lignites et les sous-bitumineux sont
principalement utilisés pour produire de l’électricité. Les bitumineux
répondent à des usages industriels (ex : génération électrique,
cimenterie). Le charbon à coke est par exemple utilisé pour la sidérurgie. L’anthracite
répond aux besoins industriels et domestiques (ex : caoutchouc
synthétique, sidérurgie, filtration d’eau, chauffage, etc.)
Enjeux par rapport à l'énergie
Souvent décrié et considéré comme une énergie du passé,
le charbon joue et jouera un rôle majeur dans le bouquet
énergétique mondial.
Une ressource énergétique encore prépondérante
A l’origine de la
révolution industrielle, le charbon demeure au XXIe siècle une énergie
privilégiée dans le monde. Il permet d’assurer les besoins énergétiques de
l'équivalent de presque un homme sur trois (le charbon satisfait 29% de la
consommation d'énergie finale en 2012 selon l'AIE(1)). Il est la première source d’énergie
utilisée pour produire de l’électricité (environ 40% de l’électricité
mondiale est produite à partir de charbon).
Un combustible accessible
Grâce à une
répartition géographique abondante et équilibrée, le charbon peut être importé
à un prix compétitif partout dans le monde. Facile à transporter et à stocker,
il est le combustible fossile le moins cher à exploiter.
Une source sûre
Avec de gros gisements
en Chine, en Inde, en Australie, en Afrique du Sud, en Russie et en Amérique du
Nord, la diversité des sources permet d’assurer un approvisionnement sûr sans
forte dépendance énergétique vis-à-vis d’un pays producteur.
Des incidences environnementales et de sécurité
Les mines peuvent dénaturer localement
les paysages. De plus, la combustion du charbon dégageant à l’échelle mondiale
du CO2, du soufre et des oxydes d’azote, pollue davantage que les autres
énergies fossiles. Enfin, l’exploitation du charbon présente des risques
humains élevés : en Chine par exemple, l’extraction du
charbon provoque la mort de plusieurs milliers de personnes par an.
Acteurs majeurs
Les leaders mondiaux
de l’industrie minière sont souvent aussi les principaux producteurs de
charbon. Ils exploitent également le cuivre, les diamants, l’aluminium ou bien
d’autres énergies fossiles. Ainsi Rio Tinto (Australie) et Glencore Xstrata
(Suisse/Royaume-Uni) sont d’importants producteurs de charbon.
Créé en 1985, le World
Coal Institute regroupe une vingtaine d’entreprises et d’associations
rattachées à l’industrie du charbon, telles que Eurocoal (l’association
européenne du charbon et du lignite), qui répond aux enjeux soulevés par
l’exploitation future du charbon.
Mis en place en 2005, le partenariat
Asie-Pacifique pour le Développement Propre et le Climat réunit la Chine, les
États-Unis, l’Inde, l’Australie, le Japon, la Corée du Sud et le Canada. Ces
pays comptent pour plus de 70% de la production mondiale de charbon. Ce
partenariat souhaite développer l’industrie du charbon grâce à des échanges de
technologies et de procédés.
Unités de mesure et chiffres clés
La tonne équivalent pétrole (tep) est une
unité de mesure permettant de comparer les rendements énergétiques des
différentes sources d’énergie. Une tep est l’énergie produite par la combustion
d’une tonne de pétrole.
L’énergie dégagée par
la combustion d’une tonne de charbon de haut rang équivaut à 0,619 tep. Avec
l’essor du pétrole, la tep s’est substituée à une ancienne unité, la tonne
équivalent charbon (tec). En 2014, la production mondiale de charbon s’est élevée
à 3,93 milliards de tep(2).
Les réserves prouvées sont les
ressources disponibles jugées exploitables et rentables selon les techniques
actuelles utilisées. Elles sont estimées à 891 milliards de tonnes (Gt) et
peuvent subvenir à nos besoins pendant approximativement 110 ans, selon le
rythme de consommation et les prix actuels.
Zone de présence ou d'application
Les réserves de
charbon sont localisées dans plus de 70 pays. Fin 2014, les trois plus grandes
réserves prouvées se situent :
- aux États-Unis (237 Gt, soit 26,6% des réserves
mondiales) ;
- en Russie (157 Gt, 17,6%) ;
- en Chine (115 Gt, 12,8%)(3).
D’importantes réserves
existent également en Australie, en Inde, en Afrique du Sud, en Allemagne et en
Europe centrale.
Le charbon est
généralement consommé à une relative proximité des mines compte tenu de
l’importance du transport dans le coût énergétique. Pour optimiser les coûts,
le marché mondial du charbon est divisé en deux zones géographiques : la
zone atlantique (Amérique, Europe) et la zone pacifique (Asie, Océanie).
Le charbon est
largement utilisé dans les pays d’Europe centrale et d’Asie où les ressources
en gaz et en pétrole sont rares.
En Chine, près de 80% de l’électricité
est produite à partir du charbon. Ce pays compte pour quasiment la moitié de la consommation mondiale de charbon.
Passé et présent
Devenu à la fin du
XVIIIe siècle la principale source d’énergie, le charbon est à l’origine
de la révolution industrielle. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont
ainsi bénéficié de gisements qu’ils ont pu exploiter à proximité des zones de
consommation. En France, l’extraction du charbon remonte au Moyen Âge, mais se
développe surtout à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à la moitié du XIXe, notamment
dans les bassins du Nord-Pas-de-Calais, de la Lorraine et de la Loire.
En 1762, la machine à
vapeur créée par James Watt utilise le charbon comme combustible. Le charbon
participe également au développement du transport grâce aux bateaux et aux chemins
de fer (locomotives à vapeur).
L’exploitation du charbon a causé la mort de plus d’un million d’hommes au
cours des deux derniers siècles.
Pour satisfaire les
besoins en charbon, les techniques d’exploitation des mines se modernisent et
des progrès sont réalisés dans la sûreté de l’extraction améliorant la
sécurité des mineurs. L’exploitation du charbon a requis au cours de l’histoire
d’importants efforts humains mettant parfois en jeu l’intégrité physique des
mineurs.
L’exploitation du
charbon a causé la mort de plus d’un million d’hommes au cours des XIXe et
XXe siècle : les causes principales en ont été le grisou, un gaz naturel
se dégageant des couches de charbon causant des explosions meurtrières appelées
« coups de grisou » (ex : catastrophe de Courrières en 1906, 1
099 morts), les incendies (ex : incendie de 1956 à Marcinelle, 262 morts),
la silicose (une maladie pulmonaire mortelle provoquée par l’inhalation de
particules de poussières de silice dans les mines), les effondrements, etc.
Malgré le danger, ces
conditions extrêmes ont souvent créé une forte solidarité entre les mineurs.
Aussi, cette cohésion et ce soutien ont marqué l’histoire du charbon.
Au cours du XXe siècle, le charbon
est progressivement délaissé en Europe au profit du pétrole et du gaz du fait
de leur pouvoir calorifique plus élevé et de l’épuisement des mines locales. Au
moment où la France ferme ses dernières mines de charbon, depuis une trentaine
d’année, la demande mondiale de charbon est repartie à la hausse pour plus que
doubler. Cela s’explique principalement par le développement économique des
pays d’Asie (Chine, Inde, Indonésie) qui possèdent d’importantes réserves de
charbon.
Futur
Le pic mondial du
charbon désigne le moment où plus de la moitié des réserves seront consommées
et où la production de charbon déclinera du fait de l’épuisement des réserves.
En Europe, ce pic a eu lieu en 1982. En Chine, la production de charbon aurait baissé en 2014 pour la
première fois depuis 14 ans.
L’avenir de la
production mondiale de charbon repose à la fois sur l’amélioration des
techniques d’exploration et de transformation du charbon pour produire
davantage d’énergie à partir d’une même quantité de charbon. La gestion de
l’impact climatique de l’utilisation du charbon devient un véritable enjeu.
L’amélioration de
l’efficacité énergétique des centrales à charbon et l’intégration des
technologies de « captage et stockage géologique du CO2 » (CSC) participent
au développement du « charbon propre ». Avec les méthodes de CSC, le
CO2 rejeté dans l’atmosphère est récupéré puis séquestré sous terre dans
des couches profondes. Toutefois, ces techniques ne permettent pas pour le
moment - faute de politiques climatiques conséquentes - de stocker à des
conditions financières et techniques acceptables des quantités suffisantes de
CO2.
Si les moyens mis en œuvre sur le plan
des recherches et développements technologiques laissent entrevoir d’importants
progrès des méthodes de CSC, la diffusion de ces pratiques ne verra le jour que
lorsque de réelles politiques de réduction des émissions de gaz à effet de
serre auront été décidées, notamment dans le cadre de la COP21 de décembre 2015.
SOURCE: CONNAISSANCE DES ENERGIES
À RETENIR
Le charbon est créé à partir de biomasse enfouie dans le sol, généralement à plusieurs kilomètres de profondeur.
Il est composé d'hydrogène, de souffre d'oxygène et surtout de carbone. Chaque type de charbon (lignite, sous-bitumineux et bitumineux, anthracite) est classé en fonction de sa teneur en carbone.
Le charbon compte pour environ 40% de la production mondiale d'électricité.
Plus d'un quart des réserves mondiales de charbon sont situées aux États-Unis. La Chine extrait et consomme à elle seule près de la moitié du charbon dans le monde.
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